Edito

Reportée d’une année en raison de la situation sanitaire, notre programmation peut enfin s’épanouir sur les planches du théâtre Pitoëff. Quelle belle opportunité de présenter non seulement notre création, La servante ou le murmure des planches, mais aussi une palette d’artistes de la parole venu.e.s de France et de Suisse. Vingt-six conteuses et conteurs pourront ainsi être (re)découvert·e·s par le public, parmi lesquel.le.s des personnalités histrioniques ou délicates, des enchanteurs à l’humour féroce, des arrangeurs de réalité…

Il était temps! Les scènes professionnelles de Suisse peinent encore à ouvrir leurs portes aux conteuses et aux conteurs. Au lieu du terme « conte », nous préférons d’ailleurs évoquer les Arts du récit, plus englobant et plus proche de nos pratiques. Ce métier se compose de deux aspects (ou répertoires) principaux:

Le premier aspect est traditionnel, aussi ancien que le langage articulé sans doute, mettant en valeur par son répertoire des principes archaïques, nécessaires à la formation de notre psyché, ainsi qu’à la cohésion socio-culturelle. Les conteuses et conteurs transmettent depuis toujours les récits traditionnels, ils et elles participent à la diffusion de ce savoir et de son irremplaçable richesse symbolique en les donnant à entendre aux enfants et aux adultes d’aujourd’hui.

Le second aspect est contemporain, né de la tradition susmentionnée, qui la transforme, la métisse et la pétrit à partir de nos plus récents savoirs et expériences. Cet aspect-là se confronte et s’enrichit au gré de ses rencontres avec les autres arts de la scène, réactualisant sans cesse la place de la parole et qui ne peut se laisser confiner par son envergure au cadre conventionnel. Mais, là encore, il s’agit d’être en prise avec l’inconscient collectif pour en extirper une parole visant à l’universel.

« Nous souhaitons que le public genevois non encore initié puisse enfin se familiariser avec la merveilleuse richesse de notre si beau métier. »

Catherine Gaillard